| En Bref |
|---|
| La rhizarthrose touche la base du pouce et provoque douleur, baisse de force et déformation. |
| L’arthrose des doigts atteint surtout les articulations interphalangiennes, avec nodules d’Herberden et de Bouchard. |
| Diagnostic clinique et radiologique, avec différentiel essentiel face à la tendinite de De Quervain. |
| Causes multifactorielle: contraintes mécaniques répétées, terrain génétique, prédominance féminine après 50 ans. |
| Solutions graduées: éducation gestuelle, orthèses, antalgiques/anti-inflammatoires, infiltrations, PRP, puis chirurgie ciblée. |
La rhizarthrose et l’arthrose des doigts rendent chaque geste délicat. Fermer un bocal, tourner une clé ou boutonner une chemise deviennent des défis, surtout lorsque les douleurs s’accompagnent d’une perte de force. En France, l’arthrose reste très fréquente et les mains figurent parmi ses localisations majeures. Le pouce concentre une part importante des plaintes, car son articulation trapézo-métacarpienne participe à la pince et au geste de préhension.
Le sujet engage autant la biomécanique que l’ergonomie quotidienne. Les contraintes répétées imposées aux petites articulations s’additionnent, jusqu’à altérer le cartilage et stimuler la formation d’ostéophytes. Il s’agit alors d’organiser une stratégie pragmatique: poser un diagnostic fiable, décrypter les facteurs favorisants, puis combiner les solutions qui soulagent sans retarder inutilement l’accès à la chirurgie lorsqu’elle s’impose. En 2025, la prise en charge coordonnée par le médecin, le rhumatologue, l’ergothérapeute et le pharmacien offre des résultats fiables, à condition d’agir tôt et de suivre un plan d’action personnalisé.
Rhizarthrose et arthrose des doigts: définitions, différences et mécanismes
La rhizarthrose désigne l’arthrose de la base du pouce. Elle survient le plus souvent au niveau de l’articulation trapézo-métacarpienne entre le trapèze et le premier métacarpien. Plus rarement, l’atteinte intéresse l’articulation métacarpo-phalangienne du pouce. À l’inverse, l’arthrose des doigts touche surtout les interphalangiennes proximales et distales des autres doigts.
La différence n’est pas anecdotique, car la fonction du pouce conditionne la pince. Ainsi, la rhizarthrose impacte la force et l’endurance. L’arthrose des autres doigts retentit davantage sur la dextérité fine et l’alignement digital. Les deux partagent un mécanisme commun: dégradation progressive du cartilage, condensation osseuse sous-jacente, et formation d’ostéophytes responsables de gonflement et de douleurs.
Localisations et rôles articulaires
Chaque articulation digitale répartit des pressions spécifiques. Le pouce gère la pince latérale et tridigitale. Les interphalangiennes pilotent la précision du geste. En cas d’arthrose, le glissement est perturbé et les contraintes se concentrent sur des zones fragilisées.
- Trapézo-métacarpienne: mouvements d’opposition et de rotation du pouce.
- Interphalangienne distale: stabilité terminale et sensibilité tactile.
- Interphalangienne proximale: puissance de flexion/extension.
Un patient peut cumuler les localisations. Par exemple, une couturière ressent une pince douloureuse au pouce et des bosses sur les derniers phalanges, témoins d’un double processus arthrosique.
| Articulation | Fonction clé | Signes typiques |
|---|---|---|
| Trapézo-métacarpienne (pouce) | Pince, opposition | Douleur base du pouce, baisse de force |
| Interphalangienne proximale | Puissance digitale | Raideur, nodosités de Bouchard |
| Interphalangienne distale | Précision terminale | Nodules d’Herberden, déviation |
Épidémiologie et données clés
Les mains constituent une localisation très fréquente de l’arthrose, avec une prédominance féminine marquée après 50 ans. La rhizarthrose illustre tout particulièrement cette tendance. Les contraintes mécaniques répétées accentuent l’usure chez les travailleurs manuels ou les métiers impliquant une forte pince.
- Prédominance féminine confirmée en pratique clinique.
- Débuts variables: un doigt isolé, puis extension à d’autres rayons.
- Évolution en poussées inflammatoires intermittentes.
Le mécanisme commun associe destruction cartilagineuse, réaction osseuse et inflammation synoviale. Cette triade explique la douleur au mouvement, la raideur matinale et les gonflements intermittents.
Ne pas confondre
Toutes les douleurs de la base du pouce ne relèvent pas d’une rhizarthrose. La tendinite de De Quervain provoque une douleur latérale et irradiante. Des tests cliniques simples les distinguent. Un diagnostic précis guide les soins.
- Devant une douleur de pouce, objectiver le siège exact.
- Rechercher une baisse de force et des crépitations.
- Prescrire une radiographie pour confirmer les ostéophytes.
Comprendre ce cadre facilite l’adhésion aux traitements et ouvre la voie à des choix éclairés dès la première consultation.
Symptômes, signes d’alerte et diagnostic fiable de la rhizarthrose et de l’arthrose des doigts
Le symptôme cardinal de la rhizarthrose reste la douleur à la base du pouce. Elle surgit lors de la pince, du dévissage d’un couvercle ou d’un geste prolongé. L’arthrose des autres doigts se manifeste plutôt par des bosses, une gêne esthétique et une raideur progressive.
La douleur évolue par poussées. Elle peut réveiller la nuit lors d’épisodes inflammatoires. À l’examen, la force de préhension diminue, en particulier sur la main dominante, ce qui affecte la vie professionnelle.
Tableau clinique à repérer
- Rhizarthrose: douleur base du pouce, perte de force, difficulté à tourner une clé.
- Interphalangiennes: nodules d’Herberden/Bouchard, déviation axiale, enraidissement.
- Poussées: gonflement, chaleur locale, raideur matinale.
Un scénario fréquent: une laborantine utilisant des pipettes rapporte une douleur du pouce au serrage répété. Puis apparaissent des difficultés pour écrire. Cette progression oriente vers une atteinte trapézo-métacarpienne.
| Élément | Ce que l’on recherche | Intérêt diagnostique |
|---|---|---|
| Examen clinique | Douleur à la compression de la base du pouce, test de grind | Oriente vers la rhizarthrose |
| Radiographie | Ostéophytes, pincement, géodes | Confirme l’arthrose, classe le stade |
| Différentiel | Tests de Finkelstein pour De Quervain | Écarte une tendinopathie isolée |
Imagerie et pièges
La radiographie standard suffit le plus souvent. Elle objectivise les remaniements osseux et précise la sévérité. Les bilans biologiques restent normaux, car l’arthrose n’est pas une maladie systémique inflammatoire.
- IRM et scanner se discutent dans des cas atypiques.
- Un canal carpien associé peut masquer des signes.
- La douleur sans lésion radiologique impose la prudence et la réévaluation.
Le diagnostic précoce permet d’introduire une orthèse et des modifications de gestes, réduisant la douleur sans délai. Ce gain de temps change la trajectoire fonctionnelle.
Cette vidéo complète utilement les repères cliniques. Elle aide à visualiser les mouvements à l’origine de la douleur et à comprendre les choix d’imagerie.
Un diagnostic clair constitue la première étape d’un parcours de soins lisible et efficace.
Causes et facteurs de risque: répétitions gestuelles, génétique et prédominance féminine
La cause de l’arthrose est multifactorielle. Le terrain héréditaire joue un rôle probable, notamment lorsque plusieurs femmes d’une même famille présentent des nodules d’Herberden. Les contraintes mécaniques répétées accélèrent l’usure, surtout sur des articulations déjà fragiles.
La prédominance féminine de la rhizarthrose, bien observée en clinique, demeure en partie inexpliquée par la génétique seule. Les facteurs hormonaux et ligamentaires sont suspectés. Après 50 ans, l’incidence augmente nettement.
Contraintes mécaniques et professions exposées
- Travaux manuels avec pince prolongée (artisanat, coiffure, cuisine).
- Laboratoire avec usage intensif de pipettes.
- Sports sollicitant fortement la pince (escalade, gymnastique).
Les micro-traumatismes répétés déstabilisent l’équilibre biomécanique. Un cartilage sursollicité perd sa capacité à répartir les charges. L’inflammation secondaire majore la douleur et accélère la dégradation.
| Facteur | Mécanisme plausible | Impact clinique |
|---|---|---|
| Génétique familiale | Vulnérabilité du cartilage et des ligaments | Début précoce, multifocal |
| Gestes répétitifs | Surcharge mécanique locale | Poussées douloureuses, progression |
| Post-traumatique | Incongruence articulaire post-fracture | Usure accélérée de l’articulation |
| Inflammation associée | Synovite réactive | Douleur nocturne, gonflement |
Prévention professionnelle et gestes protecteurs
La prévention commence tôt. Une évaluation au poste de travail repère les contraintes excessives et propose des adaptations. Des pauses fréquentes et des outils ergonomiques réduisent la charge sur la base du pouce.
- Adapter les poignées: diamètre plus large, revêtement antidérapant.
- Alterner les tâches: limiter la pince prolongée.
- Former aux bons gestes: alignement du poignet, prise palmaire.
Un suivi en médecine du travail évite des incapacités durables. Traiter les facteurs de risque tôt protège la main et maintient l’employabilité.
Identifier les causes guide des choix de soins réalistes et soutenables dans le temps.
Solutions non chirurgicales pour soulager la douleur: médicaments, orthèses, rééducation et infiltrations
La prise en charge commence par des mesures conservatrices. Leur combinaison s’adapte aux symptômes, au stade et au projet de vie du patient. L’objectif: contrôler la douleur, préserver la fonction et retarder la chirurgie lorsque cela a du sens.
Un plan complet jalonne les étapes. Il inclut l’éducation gestuelle, l’analgésie, l’orthésage, et, au besoin, des infiltrations.
Médicaments et gels topiques
- Paracétamol en première intention, selon posologie adaptée.
- AINS per os sur courte durée en poussées, selon avis médical.
- Gels AINS en application locale pour réduire la douleur.
Pendant une crise, une infiltration de corticoïdes dans l’articulation peut soulager rapidement. Les résultats varient, d’où l’intérêt d’un suivi clinique précis.
| Option | Délai d’effet | Avantages | Limites |
|---|---|---|---|
| Paracétamol | Rapide | Bien toléré | Efficacité parfois modeste |
| AINS oraux | 48-72 h | Anti-inflammatoire | Risques digestifs, rénaux |
| Gels AINS | Rapide | Action locale | Pénétration variable |
| Infiltration cortisonée | 24-72 h | Puissant sur poussée | Effet transitoire |
| PRP | Semaines | Option biologique | Résultats inconstants |
Orthèses et rééducation
Une orthèse de repos stabilise la base du pouce et limite les contraintes. En journée, une orthèse fonctionnelle autorise les activités essentielles. La kinésithérapie et l’ergothérapie rééduquent la pince et corrigent les gestes.
- Repos en phase aiguë, puis reprise progressive.
- Renforcement des muscles thénariens et interosseux.
- Éducation aux prises palmaires plutôt qu’à la pince forcée.
Exemple: une coiffeuse alterne ciseaux et outils électriques, utilise une orthèse souple et pratique des étirements. La douleur diminue en quatre semaines avec récupération de la force de pince.
Cette recherche vidéo propose des exercices guidés. Elle complète le protocole de rééducation prescrit par le thérapeute.
Avis d’utilisateurs sur les médicaments
- « Le gel anti-inflammatoire m’aide pour ouvrir les bocaux le soir, mais l’effet reste court. »
- « Avec le paracétamol, la douleur baisse d’un cran, suffisant au travail. »
- « L’AINS a calmé la poussée, toutefois l’estomac n’a pas apprécié. »
Ces témoignages illustrent la variabilité des réponses. D’où la nécessité d’un schéma adapté, réévalué régulièrement avec le prescripteur.
Une stratégie conservatrice bien conduite soulage nettement et retarde parfois la chirurgie, lorsque l’adhésion reste forte.
Chirurgie de la rhizarthrose et de l’arthrose des doigts: indications, techniques et récupération
La chirurgie se discute après échec des options médicales ou d’emblée dans les formes avancées et invalidantes. Le choix de la technique dépend de l’articulation, de l’alignement, de la mobilité résiduelle et des attentes fonctionnelles.
Un bilan précis oriente vers la bonne solution: conserver du mouvement lorsqu’il est utile ou privilégier la stabilité et l’analgésie lorsque la mobilité n’apporte plus de bénéfice notable.
Techniques au niveau des doigts (hors pouce)
- Lifting avec nettoyage: excision d’ostéophytes, retente cutanée, PRP associé.
- Arthrodèse (souvent en distale): fusion pour supprimer la douleur et redresser le doigt.
- Prothèse (PIP ou MCP): préserver une part de mobilité utile.
| Procédure | Objectif | Immobilisation | Récupération |
|---|---|---|---|
| Lifting + nettoyage | Améliorer douleur et esthétique | Environ 2 semaines | Utilisation légère après 2 semaines |
| Arthrodèse | Supprimer la douleur, redresser | 6 à 8 semaines | Reprise après consolidation |
| Prothèse articulaire | Garder une mobilité fonctionnelle | 2 semaines + rééducation | Souple, progressive dès 3 semaines |
Chirurgie de la rhizarthrose du pouce
Au pouce, la trapézectomie retire l’os trapèze pour supprimer le conflit. Des variantes de suspension-ténodèse stabilisent la colonne du pouce. Dans des cas spécifiques, des prothèses trapézo-métacarpiennes peuvent être discutées.
- Indiquée dans les douleurs rebelles et la perte de fonction.
- Nécessite une rééducation prolongée.
- La douleur peut persister chez une minorité de patients.
Un patient actif appréciera souvent une solution garantissant une main utile au quotidien. La concertation pluridisciplinaire ajuste l’indication.
Complications et rééducation
- Algoneurodystrophie: prise en charge précoce et patiente.
- Infection: rare, nécessite un traitement ciblé.
- Résultats parfois inférieurs aux attentes esthétiques.
La rééducation constitue un pivot du succès. L’éducation à l’auto-rééducation, associée à des séances ciblées, favorise un résultat durable et fonctionnel.
| Étape | Contenu | Objectif |
|---|---|---|
| Phase 1 | Contrôle douleur, immobilisation | Protéger la réparation |
| Phase 2 | Mobilisation douce, œdème | Récupérer l’amplitude |
| Phase 3 | Renforcement et reprogrammation gestuelle | Consolider la fonction |
En pratique, choisir la bonne technique au bon moment fait la différence entre une main douloureuse et une main redevenue utile.
Comment distinguer rhizarthrose et tendinite de De Quervain ?
La rhizarthrose siège à la base du pouce et déclenche une douleur lors de la pince; le test de grind est souvent positif. La tendinite de De Quervain provoque une douleur sur le bord externe du poignet, majorée par le test de Finkelstein. La radiographie aide pour la rhizarthrose; elle est normale dans la tendinite.
Une orthèse peut-elle suffire à long terme ?
Oui, chez de nombreux patients, une orthèse bien adaptée, associée à l’éducation gestuelle et à une rééducation, réduit la douleur et maintient la fonction plusieurs mois, voire années. Une réévaluation régulière reste nécessaire.
Les infiltrations abîment-elles l’articulation ?
Les infiltrations de corticoïdes soulagent les poussées, avec une fréquence limitée selon l’avis médical. Elles n’ont pas montré d’effet protecteur du cartilage mais ne l’endommagent pas lorsqu’elles sont indiquées avec parcimonie.
Quand envisager la chirurgie de la base du pouce ?
Après échec d’un traitement conservateur bien conduit ou d’emblée en cas de douleur intense, perte de force majeure et gêne dans les gestes clés. Le choix se discute en concertation avec le chirurgien et le thérapeute.
Quels exercices sont recommandés ?
Renforcement des muscles thénariens, mobilité douce en évitant la pince douloureuse, étirements des fléchisseurs, travail proprioceptif. Un kinésithérapeute ou un ergothérapeute personnalise le programme.
Pharmacienne passionnée de 30 ans, j’accompagne chaque jour mes patients dans leur santé et leur bien-être. Curieuse et engagée, j’aime partager mes conseils pour une meilleure utilisation des médicaments et promouvoir la prévention au quotidien.


